>Goodbye
Reset, deuxième saison : les esprits se croisent
Pour la reprise de reSET, cet épisode 2.1 convoque deux esprits de la pop sur une table électronique, organique, dans deux décors où leurs présences se croisent en espérant s'embrasser. Miah Moss et Ronnie's Visit se cherchent, se trouvent par instants, dans des décors à l'élégance qui a tout du polar jamais vraiment résolu. Romantisme onirique, présence laissée en miroir : entre hyper-pop et film de Wong Kar-Wai, « Goodbye » est une véritable déclaration de liberté artistique, déclinée cette fois sur deux lieux marquants à Evreux et au Havre.
Peut-on remonter aux origines de la création de « Goodbye » ?
Ronnie's Visit : On peut remonter à une page blanche de l'été dernier. Il y a eu un coup de foudre artistique entre nous, la découverte de goûts communs. On peut véritablement se considérer comme amis depuis !
Miah Moss : FKA Twigs, Charli XCX, Sophie... on s'est avoué que tous ces artistes nous intéressaient. On s'est chauffés sur une reprise de Billie Eilish, « Getting Older ». On ne voulait pas se lancer à froid dans ce projet commun sans se connaître techniquement.
RV : Le format piano-voix était parfait, dépouillé, assez nu pour qu'on se livre et qu'on se mette à travailler ensemble...
Le texte, en anglais, laisse paraître quelque chose de l'ordre de la séparation, du regret...
RV : On est partis d'une ligne de basse assez sombre ; le texte ne pouvait pas être trop festif par conséquent (rires). On s'est dit tous les deux que se laisser aller dans l'introspection était de mise. On a donc construit une saynète où ombre et lumière allaient se croiser.
MM : Ce sont des images qui correspondent au texte en effet, comme des enchaînements de natures mortes ; il y a parfois une certaine solitude dans le fait d'être ensemble, et c'est exactement ce que l'écriture reflète.
Comment qualifieriez-vous vos univers respectifs ?
MM : Chez Ronnie's Visit il y a quelque chose qui appartient aux rêves, aux émotions, à l'envie de toucher. Une délicatesse qui me parle vraiment.
RV : Je dirais que Miah Moss, c'est moderne, urbain, teinté d'humour avec parfois une ironie bienvenue. Il y a une variété de tons, une richesse de registres.
Que vous ont inspiré les deux lieux de tournage ?
RV : On y était comme deux fantômes, avec ces jeux de reflets... Pour la partie dans le Kubb à Evreux, il y avait une ambiance un peu dystopique, avec ces lignes rétro-modernes, futuristes d'un autre temps. Ça en devient d'autant plus cinématographique, il y a presque une part de fantastique dans cette narration.
MM : Le défi, dans cet appartement-témoin d'Auguste Perret, était de ne rien toucher! On y était tellement transportés dans un passé curieusement encore vivant... Le temps semblait s'y être arrêté : ça correspond vraiment à la quête des personnages du titre qui se cherchent comme deux fantômes, se croisent dans des temporalités différentes, s'aperçoivent dans des miroirs...
Que retiendrez-vous de cette expérience collective pour le futur ?
RV : Aller ailleurs. Tenter autre chose : ça correspond à ce à quoi j'aspire, au fond. Ne pas me laisser tomber dans ce que j'attends de moi-même. Cette rencontre sur un terrain pop d'avant-garde, aller creuser vers des territoires vers lesquels j'hésitais encore à mettre les pieds...
MM : Ce projet m'a appris à lâcher prise, à travailler plus loin dans l'écriture, moi qui ai du mal à ne pas travailler seule... Oser trouver le « weird » en soi, créer quelque chose d'encore plus personnel. Dans l'écoute et la bienveillance, tous les deux on a trouvé un vrai cadre.
RV : Et on retravaille déjà ensemble, ça a débloqué tellement de choses pour nos mondes respectifs !