Reset : et si on recommençait le match ?

Cette touche reset, celle des consoles 8-bit que l'on pressait pour recommencer une partie trop mal entamée... Qu'est-ce qu'on aimerait l'avoir dans la réalité !

C'est bien ce que réalisent quelques acteurs culturels rouennais investis dans les musiques actuelles : Distance Tour Booking, Mouton Noir Records, Le Kalif, et le collectif Heavy Club.

Il s'agit de redistribuer la donne en ces temps de crise où la culture vivante, celle du spectacle à visée collective, se voit interdire de proximité, d'interaction directe... d'existence.

Trouver des solutions, mais où ?

Simplement dans la richesse du territoire. Dans le désir des musiciens, artistes visuels et techniciens, de continuer à exister. Pour exister, aujourd'hui, il faut donner à voir ; à montrer.

C'est pourquoi Reset se propose de capter, au sein d'une identité visuelle fortement établie, des performances musicales croisées, collaboratives, entre groupes et musiciens de tous horizons, dans des lieux choisis -la Normandie disposant de myriades de terrains de jeu, à l'histoire ancienne ou industrielle, le choix du décor s'étend de façon infinie. Galeries, commerces-phare, lieux clés de la ville mais aussi de son territoire étendu, deviendront ainsi le plateau vivant d'une nouvelle partie, où se croiseront à nouveau magie et savoir-faire.

Le résultat ? Il sera enregistré et montrable. Audio, vidéo, graphisme : c'est une expérience totale que Reset entend mener.

Alors, on rallume ?

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Museau/Roches_Noires
>Ride_On
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Museau/Roches_Noires
>Ride_On

Première rencontre orchestrée par Reset : le titre Ride On.

Dans un décor intemporel, l'auditorium du Panorama XXL à Rouen, à la fois fonctionnel et graphique, deux artistes ont choisi de tisser des liens autour de cette piste d'electronica tout en crescendo, en suspens, dans une idée de renaissance et de reconstruction. Une page blanche, signe de latence et de temps suspendu, remplie par les vagues acoustiques du duo.

Roches Noires, alias évocateur du producteur rouennais Clément Durand, propose déjà depuis deux single et un Ep une singulière cartographie sonore des accidents du territoire. Vagues glacées, plages désolées sous une pâle lueur d'outre-monde : Roches Noires convoque l'électronique au service de l'organique, explore la noirceur des éléments dans sa quête sonore.

Museau, de l'autre côté, est l'incarnation masquée et totémique d'une plasticienne rouennaise depuis 2019. Maniant l'hyper-pop comme une matière prèhensible, Museau masque son identité et altère sa voix pour mieux entretenir la confusion entre les codes et les genres. En résulte La Horde, un Ep conçu au Costa Rica, invitant des fragments de jungle en field recording.

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Comment le territoire normand vous inspire-t'il, et en avez-vous d'ailleurs conscience ?

Roches Noires : J'aime être dans la contemplation, et le territoire ici est propice. Les saisons marquées, les paysages typés me parlent. Je retranscris ça très certainement. Les inspirations du projet Roches Noires sont aussi à chercher dans cette littérature inspirée par cet endroit.
Museau : J'ai une pratique de sculpture qui s'inspire de mon environnement immédiat. Et ce sont les vases communicants avec la musique, qui elle s'inspire de mon travail plastique. J'envisage la matière sonore comme une sculpture. J'ai du mal à dire que je « chante » ; je modèle ma voix. Dans notre titre commun, je pense que cette ambiance de chape construite par cette Normandie qui nous entoure a contribué à nous faire sculpter des sons dans une certaine direction.

Pouvez-vous vous décrire l'un.e / l'autre ?

M : Ce que j'aime chez Roches Noires, c'est la structure en progression de ses titres. Des dynamiques, des sensations ; c'est chargé d'émotions, immersif... et aussi narratif -ce qui nous fait un point commun.
RN : Je te renvoie cette idée de quelque chose de pictural ! Ce qui me plaît, c'est qu'il n'y a pas de cases chez toi. C'est pop. Point. Tu fais comme tu le sens, c'est instinctif -et ton travail sur les voix est singulier.

Comment le confinement vous fait-il travailler, de votre côté ?

RN  :Je travaille le live en ce moment, j'ai eu la chance d'obtenir une résidence au 106 avec des techniciens. Je suis assez casanier : ça ne change pas grand-chose dans ma pratique... Mais le live est un sacré boost.
M : A l'inverse, grand bouleversement pour moi. C'est le confinement qui m'a poussé à chanter. Du fait que les expos et mon travail d'art soient mis de côté, j'ai augmenté de 600% le temps que je consacre à ce projet. J'ai vraiment envie de continuer à le développer de façon aussi intense, même « après ».

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